La Guéparde de la Pendjari : Noélie Yarigo sur les routes de l’apogée

Article : La Guéparde de la Pendjari : Noélie Yarigo sur les routes de l’apogée
Crédit: Wikimédia Commons
17 juillet 2024

La Guéparde de la Pendjari : Noélie Yarigo sur les routes de l’apogée

Juin 2012. Sous le soleil ardent de Porto-Novo, Noélie Yarigo vient de battre son record personnel sur 800m aux 18ᵉ championnats d’Afrique d’Athlétisme. Parfaite inconnue à l’époque, elle deviendra plus tard le porte-étendard de l’athlétisme béninois.

Ces 18ᵉ championnats d’Afrique d’Athlétisme qui auront vu émerger de grandes vedettes comme Francine Niyonsaba, Blessing OKAGBARE ou encore Marie-José Ta Lou étaient la première compétition de cette envergure organisée sur le sol Béninois.
Loin d’être parmi les athlètes les plus attendues, celle qu’on surnomme déjà la « guéparde de la Pendjari » s’aguerrit depuis 2009 sur la scène africaine. Mais bien qu’ayant échoué aux portes des demi-finales avec son chrono de 2 min 06 s 72, Noélie Yarigo, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, va faire ce jour-là une rencontre qui va redonner un nouvel élan à sa carrière.


Noélie Yarigo en 2013 © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons

Des débuts modestes

Née le 26 décembre 1985 à Natitingou, une ville située au nord-ouest du Bénin, elle est la huitième d’une fratrie de dix enfants. Malgré les conditions difficiles suite au décès prématuré de son père, elle développe une passion dévorante pour la course à pied.

« Tout a commencé au cours primaire à l’âge de 8 ans, j’aimais tout le temps courir et je gagnais à chaque fois. »

Portrait Kwabotv : Noelie Yarigo

Ayant eu la chance d’intégrer plus tard un club d’athlétisme à Parakou, son coach, en analysant ses qualités, l’a orienté du 400 mètres vers le 1500 mètres et le 800 mètres qui deviendra sa distance de prédilection.

Après la fin de ses études secondaires en 2009, elle s’engage dans l’armée de l’air béninoise en tant que moniteur de sport et obtient le grade de caporal. Sans une véritable équipe professionnelle pour l’encadrer, elle poursuit sa passion pour l’athlétisme en remportant plusieurs compétitions nationales et s’essaye déjà aux compétitions africaines.

Une passion devenue métier

Avec un record au-dessus des 2 min 10 s à l’époque, la barre était néanmoins trop haute pour elle. C’est ainsi que lors des 18ᵉ CAA, elle rencontre en juin 2012 Claude Guillaume qui propose de l’entraîner. Là commence pour elle la plus longue course de sa vie : devenir la première athlète à remporter une médaille mondiale ou olympique pour le Bénin.

Après quatre ans de dur labeur, vient le premier accomplissement. Elle se hisse en demi-finale aux Jeux olympiques de Rio avec un chrono en dessous des 2 minutes (1 min 59 s 12). Dès lors, ses exploits parviennent aux oreilles des Béninois et sa popularité grandit auprès des férus de sport.


Noélie Yarigo, 800 mètres / Crédit : Wikimedia Commons

Ayant suscité de grosses attentes et laissant entrevoir une possibilité de finale mondiale, elle s’engage en toute confiance aux championnats du monde d’athlétisme en 2017. Mais elle échoue aux portes de la finale après une course à couper le souffle où elle finit 3ᵉ à seulement huit centièmes de seconde d’arracher la dernière place qualificative.

Il s’ensuit alors une série de performances aux grands championnats mondiaux 2019, 2020, 2021, 2022 qui feront des demi-finales son plafond de verre. Bien qu’ayant glané des victoires et des médailles sur le continent entre-temps, subsiste en elle ce petit goût amer en voyant le rêve de médaille mondiale pour son pays s’échapper.

En marche vers les Jeux olympiques de Paris 2024

À bientôt 38 ans, jugée trop âgée par les uns et en pré-retraite par les autres, elle met un pied de nez à tous ses détracteurs en réalisant une saison 2023 mémorable.

Tel un phénix, Noélie Yarigo renaît de ses cendres en enchaînant : record du Bénin en plein air, record de France (où elle s’entraîne) en salle et 25ᵉ meilleure performeuse mondiale de l’histoire en salle. Elle termine cette saison 2023 au sommet de sa discipline en finissant 2ᵉ athlète mondiale sur le circuit en salle de l’IAFF.

En 2024 et à quelques mois des Jeux olympiques de Paris, elle confirme sa saison brillante précédente en arrachant enfin une médaille de bronze aux championnats du monde en salle à Glasgow.


Noélie Yarigo aux championnats du monde d’Athlétisme indoor Glasgow 2024 / Wikimedia Commons

Symbole de résilience, de discipline et de travail acharné, Noélie Yarigo incarne par excellence la femme amazone du Bénin, celle qui ne lâche rien et se bat jusqu’au bout pour l’honneur des siens.

Intrépide telle une Agoodjié, elle va à Paris les armes à la main, prête à en découdre et à faire résonner pour la première fois l’hymne national du Bénin au firmament de l’athlétisme mondial.

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